Manon Valentino : "J’y vais pour le titre"
Photo Patrick Pichon / DPPI
Médaillée de bronze en 2013, Manon Valentino aborde les championnats du monde 2014, qui se tiendront à Rotterdam (Pays-Bas), du 22 au 27 juillet, avec une ambition renouvelée. Si la Guadeloupéenne a dû abandonner son titre de championne d'Europe il y a une dizaine de jours à Rosklide, au Danemark, elle n'en a pas moins remporté la médaille d'argent malgré une blessure handicapante et a enchainé par son troisième titre de championne de France. Manon Valentino fait donc partie des leaders d'une équipe de France très relevée, tant chez les garçons comme chez les filles... Rencontre.
Où en es-tu physiquement ?
Ça va bien. Ça a été un peu difficile après les championnats d’Europe où je me suis fait un mal après une très grosse chute le premier jour. J’avais l’épaule très douloureuse. Rien n’était cassé et l’échographie a permis de me rassurer sur le fait que les ligaments n’étaient pas touchés mais c’était une très très grosse contusion et j’avais aussi tapé le genou. C’était donc très compliqué de faire tout le championnat d’Europe dans cette condition. Il a fallu puiser dans les ressources, psychologiquement, physiquement…
Justement, peux-tu nous raconter ton Euro ?
C’était dur, j’ai réussi à sortir tout ce que j’avais sur la finale mais ce n’était vraiment pas gagné au début. J’ai fait les manches sans pouvoir sauter la première ligne en fait. Je n’étais pas bien et, après la douleur immédiate, mon épaule s’est réveillée deux jours après la chute... avec le stress ça augmente, donc je me suis réservée. En demie, j’ai accéléré un peu le processus pour réussir à sauter et quand même passer en finale. Là, je me suis dit que c’était le moment de tout donner.
Manon Valentino sur le podium du BMX Nord Vaudois en mai 2014
Le staff a fait tout son possible et m’a bien motivée pour que je donne le meilleur. Je suis arrivée deuxième après le premier virage. Après, je savais que j’étais la plus rapide sur la piste malgré ma blessure. Je suis donc partie en chasse jusqu’à remonter au niveau pour la première place. Ce n’était cependant pas à mon avantage étant donné que j’étais à l’extérieur sur le dernier virage. Je finis donc deuxième. Sur le coup, je l'ai mal vécu. J’abandonne la dernière bosse et puis je m’assois.
J’étais un peu déçue, parce que ça s’est joué à pas grand-chose et que je me suis surpassée pour pouvoir rouler au maximum malgré tout. Après, j’ai relativisé. Vu ma chute, j’aurais pu me casser plusieurs os ou ne pas réussir à monter sur le podium, donc finalement je suis bien contente de pouvoir remporter une nouvelle médaille cette année. Ça reste une belle performance, il y a quand même du niveau. Je remettais mon titre en jeu, donc j’aurais aimé faire mieux, c’est dommage. Je suis toujours gourmande, mais ce n’est pas si mal que ça.
Et pour ce Mondial, où en est ton appétit ?
On trépigne d’impatience. J’ai repris mes marques sur le vélo depuis les championnats d’Europe et maintenant, j’ai très hâte de rouler. C'est d’autant plus vrai que, étant dans le top 8 mondial, je ne vais pas faire les manches qualificatives et vais rentrer directement en quarts de finale. J’avoue que j’appréhende un peu mais je suis très impatiente de pouvoir me confronter. J’ai eu quelques difficultés avec l’épaule, mais je me suis remise dedans désormais. Alors, ça reste du BMX, donc tout peut arriver, mais je pense qu’il y a moyen de refaire une médaille... et j’ai vraiment moyen de jouer la gagne. J’y vais pour le titre et je vais faire tout ce qu’il faut pour y arriver.
Et cette piste indoor ?
Depuis que la piste a commencé à se construire, on regarde un peu son évolution sur les vidéos, les photos. On m’a dit que c’était une piste pour moi parce qu’elle était très technique. J’ai un peu roulé dessus hier et ils s’en sont bien sortis pour une piste indoor ! Ça a l’air vraiment sympa. Je n’aime pas quand tout le monde peut faire le même passage sans qu’il y ait moyen de se départager. Là il y a plein de petits endroits où les meilleurs pourront vraiment jouer ce qu’il faut pour passer encore mieux.
Les photos qui circulent sur les réseaux sociaux montrent un nombre impressionnant de participants...
Oui, il y a beaucoup de monde. C’est comme ça quand c’est en Europe. La proximité fait que les quotas, qui sont les mêmes que précédemment, sont tous remplis. L’an dernier, il y a avait peut-être une trentaine de Français qualifiés sur une classe d’âge, mais tout le monde n’a pas pu faire le déplacement parce que c’était en Nouvelle-Zélande. Là, cette année, tout le monde va venir, en tout cas, toute l’Europe ! Et comme il y a des points olympiques, aucun Elite ou Junior même ne fait l’impasse ; tout le monde vient.
Cela reflète aussi le développement de notre discipline. Il y a eu énormément de visionnage du championnat de France à la télé. Ça plait énormément. Il y a de plus en plus de jeunes qui commencent le BMX et veulent directement faire de la compétition...
Un mot sur l'équipe de France ?
On n’est pas tous dans la même dynamique mais on est tous bien préparés je pense. Je prends par exemple Magali Pottier qui n’est revenue qu’à partir de Berlin, en juin. Elle est encore un peu dans une phase de progression. Malgré tout, elle roule déjà vraiment très bien, elle est très vite revenue et a toujours cette envie de réussir. C’est vraiment intéressant d’avoir une partenaire comme ça. Après, que ce soit filles ou garçons, nous sommes prêts pour la plupart. On a vraiment envie de faire le mieux possible. Je nous sens un peu plus prête que l'an passé. On a eu une meilleure année, il y a eu des bons résultats sur les Coupes du monde. On a fait le stage, un peu de confrontation. Oui, je pense que nous sommes prêts. En tout cas, ce que j’ai vu au stage c’est qu’il y a vraiment beaucoup qui accélèrent bien. Ça promet et je pense qu’il y a moyen d’avoir des Français dans chaque finale... et d’avoir des médailles !
Un adjectif pour te qualifier ?
Hmmm... Battante ?... On me dit toujours que je suis super calme et un peu timide dans la vraie vie, mais je ne suis pas du tout la même sur le vélo. Je suis beaucoup plus méchante, je ne sais pas, hargneuse. C’est totalement différent.
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