Montréal 1976 : Les Jeux
Jeux de la XXIe Olympiade
Date d'ouverture : 17 juillet 1976
Date de clôture : 1er août 1976
Pays de la ville hôte: Canada
Villes candidates : Los Angeles (USA) et Moscou (URSS)
Participation :
92 CNO (Nations)
6 028 athlètes (1 247 femmes, 4 781 hommes)
198 épreuves
Ouverture officielle des Jeux : Sa Majesté la reine Elisabeth II
Allumage de la vasque olympique : Stéphane Préfontaine et Sandra Henderson (athlètes âgés de 16 et 15 ans).
Serment olympique : Pierre St.-Jean (haltérophilie)
Serment des officiels: Maurice Fauget (athlétisme)
Mascotte : Amik le castor
Sports au programme :
Natation - Tir à l'arc - Athlétisme - Basketball - Boxe - Canoë / Kayak - Cyclisme - Sports équestres - Football - Escrime - Gymnastique - Handball - Hockey - Judo - Pentathlon moderne - Aviron - Voile - Tir - Volleyball - Haltérophilie - Lutte
Les Jeux olympiques de Montréal connaissent le premier boycott de masse de l’histoire olympique. Le premier d’une série de trois.
Motivé par le lutte contre l’apartheid (politique de développement racial séparé en vigueur en Afrique du Sud), le boycott de 1976 est la manifestation d'un panafricanisme sportif qui trouva dans les Jeux olympiques sa première véritable arme de poids. A l’occasion des Jeux de Munich 1972, auxquels l'Afrique du sud n'avait pas été invitée, de nombreux pays africains avaient ainsi menacé de boycott si était maintenue l’invitation lancée à la Rhodésie de Ian Smith, adepte de la discrimination raciale en relation avec Le Cap - l'invitation avait été retirée.
En 1976, une nouvelle menace de boycott intervient, visant cette fois la Nouvelle-Zélande, dont l’équipe de rugby, les fameux All-Blacks, avait programmé une tournée en Afrique du Sud, sans que le CIO n’en vienne à sanctionner sa participation aux Jeux olympiques.
Malgré les efforts diplomatiques déployés, la quasi-totalité des délégations africaines se retira à la veille de la cérémonie d'ouverture. Seuls restèrent le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Ce boycott marqua une double innovation : comme boycott de masse et de troisième degré – ne visant ni le pays d’accueil, ni le pays dont la politique interne est condamnée, mais un pays "tiers" pour sa politique extérieure avec le pays en cause.
A noter que les Chinois de Formose (Taïwan) se retirent également, ne pouvant défiler sous la bannière « République de Chine ».
Les Jeux
En athlétisme, le 100m et le 200m échappent de nouveau aux Américains : le premier est gagné par le Trinitéen Hasely Crawford, le second par le Jamaïcain Don Quarrie. Comme à Munich, le Finlandais Lasse Viren fait le doublé 5 000m/10000m. Un Cubain à la foulée énorme, Alberto Juantorena, entre dans la légende en réussissant le seul doublé masculin 400m /800m de l’histoire olympique. « El caballo » (le cheval) dédie sa victoire à la révolution cubaine et à Fidel Castro. De retour à La Havane, il lui offrira la médaille d’or du 800m.
La grande dame de la piste s’appelle Irena Szewinska. Douze ans après son premier titre olympique obtenu à Tokyo en 1964 (relais 4x100m), la Polonaise remporte le 400m, ce qui lui permet d’aligner un palmarès de sept médailles dans cinq épreuves et quatre Jeux différents (100m, 200m, 400m, saut en longueur, relais).
Au marathon, Shorter, décidemment habitué des courses olympiques peu banales, ne parvient pas à réaliser le doublé tant espéré après la victoire quelque peu « volée » par un usurpateur allemand quatre ans plus tôt. Arrivé en tête, l’Est-allemand Waldemar Cierpinski, peu expérimenté sur la distance, reste incrédule devant le panneau d’affichage qui l’annonce premier. Par acquis de conscience, il décide de refaire un tour de stade. Quand Shorter, deuxième, franchit la ligne d’arrivée, Cierpinski court toujours et c’est finalement le médaillé d’argent qui attendra le champion olympique sur la ligne d’arrivée… une première !
Le Hongrois Miklos Németh prend la première place dans le lancer du javelot et devient le premier fils d’un champion olympique à remporter une médaille d’or à son tour. Son père, Imre, avait décroché celle du lancer de marteau en 1948. Le Soviétique venu de Géorgie Viktor Saneyev décroche sa troisième médaille d’or d’affilée en triple saut. Autre triplé, celui réalisé par l’Italien Klaus Dibiasi en plongeon à la plate-forme.
Vassili Alexeiev, « l’homme le plus fort du monde », remporte lui son deuxième titre olympique. Après avoir battu de 30 kilos l’Allemand Rudi Mang à Munich, l’haltérophile soviétique, aux mensurations gargantuesques (156,8 kilos, 147cm de tour de poitrine, 86 cm de tour de cuisse, 54 cm de tour de biceps et un ventre digne des plus beaux sumotoris) et aux performances incroyables (il sautait 1m80 en hauteur et courait le 100m en 12’3), réalise le doublé chez les super-lourds. Avec 440 kilos, il devance l’Est-allemand Hebert Gerd de 35 kilos.
L’équipe féminine japonaise de volley-ball gagne les sets de tous ses matches et seule une équipe adverse (sur quinze matches) parvient à finir un set avec plus de 9 points (les sets se jouaient alors en 15 points). Les épreuves féminines intègrent pour la première fois du basket-ball (URSS titrée), de l’aviron et du handball (URSS en or, chez les hommes et chez les femmes).
États-Unis et RDA se partagent les titres dans la piscine olympique.
Les premiers gagnent toutes les courses chez les messieurs, sauf le 200m brasse remporté par le Britannique David Wilkie. Jim Montgomery devient le premier homme sous les 50 sec au 100m libre (49 sec 99).
Et chez les dames, la RDA gagne tout sauf... le 200m brasse, qui revient à la Soviétique Marina Koshevaïa, et le relais 4 x 100 libre, enlevé par les Américaines. La chef de file de la natation est-allemande s'appelle Kornelia Ender (photo). Après avoir déjà ramené trois fois l’argent des Jeux de Munich, Ender s’adjuge les 100 et 200m nage libre et le 100m papillon. Ces deux derniers titres pour lesquels elle bat le record du monde, sont obtenus à 18 minutes d’intervalle, remise de médaille incluse. Ender repart des Jeux avec 4 titres, une médaille d’argent … et un futur époux, Roland Matthes, spécialiste du dos. Larges épaules et voix graves, les "Wundermädchen" suscitent des commentaires déjà bien soupçonneux...
En boxe, l'équipe américaine est exceptionnelle qui verra tous ses membres monter sur le podium des Jeux. Huit d'entre eux deviendront plus tard champions du monde, parmi lesquels John Tate, les frères Spinks ou Leo Randolph. Mais de cette ruche, une légende éclot : Sugar Ray Leonard qui frappe à Montréal son premier coup à l'international en décrochant le titre olympique des super-légers. Il obtiendra ensuite des titres de champion du monde dans cinq catégories de poids et finira sa carrière sur l'incroyable bilan de 165 victoires pour 5 défaites et 75 KO. A noter par ailleurs que, sur le ring, le Bermudéen Clarence Hill obtient la médaille de bronze dans la catégorie des super lourds offrant aux Bermudes l’honneur de leur première médaille, devenant ainsi l’État le moins peuplé (53 500 hab.) titulaire d’une médaille des Jeux Olympiques d’été.
L'URSS arrive en tête au tableau des médailles d'or où la RDA (40) passe pour la première fois devant les États-Unis (34).
Fait inédit, le Canada devient le premier et toujours seul pays hôte à ne pas remporter de médaille durant « ses » Jeux olympiques.
Le fait : 10.0 !
Jamais dans l’histoire de la gymnastique, la note de 10.0 avait été attribuée. A 14 ans, l’obtient à sept reprises. Du haut de son mètre 51, Nadia Comaneci, 41 kg, se présentait comme l’héritière d’Olga Korbut qui avait réjoui le public de Munich en 1972. Elle lui a emprunté la grâce, mais y a rajouté excellence technique et force mentale pour obtenir la perfection. Dans une rare communion entre elle, les juges et le public, la gymnaste roumaine, élève de Bela Karoly réalise un exercice parfait aux barres asymétriques. Les juges s’accordent pour lui donner la note suprême… mais ce fait est tellement inédit que même l’ordinateur n’a pas été configuré pour intégrer la note de 10.0 !
Un petit visage triste, contrastant avec l’harmonieux mélange de grâce, de souplesse, de force et de prise de risque du corps, devient l’image mondialement diffusée des Jeux olympiques. Elle gagne le concours général individuel, la poutre et les barres asymétriques et retourne en Roumanie avec cinq médailles (argent par équipe et bronze au sol). Le public de Montréal est fou de Nadia. Le monde entier succombe. Après quatre nouvelles médailles à Moscou puis quelques fonctions sportives nationales, Nadia Comaneci, enserrée par le régime de Ceausescu s’exfiltrera vers les États-Unis en 1989 pour ne revenir qu’en 1993. Elle est élue « gymnaste du siècle » à Vienne en 1999.
Montréal 1976
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