Melbourne 1956 : Le fait
Le fait
Sang et eau
Plus encore que le fait sportif, c’est une crise politique qui, en pleine Guerre Froide, va animer violemment les Jeux olympiques de Melbourne.
Nommé avec la bénédiction de l’URSS, Imre Nagy prend en 1954 la tête de la Hongrie, en lieu et place du stalinien Rakosi. La situation économique désastreuse amène Nagy à adopter des positions plus critiques vis-à-vis du régime imposé par l’URSS. Ecarté au profit de Rakosi dès le début 1955, Nagy revient toutefois sur le devant de la scène au cours d’une année 1956 débutée en février par le fameux XXème Congrès du Parti Communiste de l’Union Soviétique qui fait le procès du stalinisme. Cet évènement se traduit rapidement dans les Républiques socialistes par une vague de libéralisation et de contestation, avec, entre autres, des émeutes à Poznan (Pologne) en juin 1956. Réhabilitations et manifestations se succèdent notamment en Hongrie où la pression populaire en rappelle à Imre Nagy. En Pologne, Gomulka élu à la tête du Parti communiste fait le 20 octobre le procès de la politique économique stalinienne. Le 23, une grande manifestation d’étudiants hongrois réunit 50 000 personnes à Budapest en soutien à Gomulka. Imre Nagy est rappelé au gouvernement, mais, à la déstalinisation a succédé le nationalisme et la remise en cause de la tutelle soviétique. Nagy décide de retirer l’armée hongroise du Pacte de Varsovie et, le 1er novembre, proclame auprès de l’ONU la neutralité de la Hongrie. Le 4 novembre, les troupes soviétiques pénètrent en territoire magyar, la répression fait près de 20 000 morts.
Le 22 novembre, Nagy est arrêté par le KGB et déporté en Roumanie. Le même jour se tient la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Melbourne. Alors que les chenilles des chars soviétiques résonnent toujours à Budapest, c’est un silence de mort qui salue le défilé de la délégation soviétique. Un peu avant, la Hongrie avait pour sa part reçu une immense et chaleureuse ovation…
Le 6 décembre 1956, la demi-finale de water-polo oppose l’URSS à la Hongrie. Le match est tendu et, à la suite d’un coup de tête du Soviétique Valentin Prokopov au Hongrois Ervin Zador, les deux équipes en viennent aux mains. Plusieurs joueurs sont blessés dans cette piscine olympique rougie de sang et, devant l’agressivité d’un public ayant prit fait et cause pour les Hongrois, la police australienne se trouve dans l’obligation d’intervenir afin d’éviter le lynchage de l'équipe soviétique par les spectateurs. La Hongrie est déclarée vainqueur. En finale, les Magyars remportent leur second titre consécutif, l’URSS enlevant pour sa part la petite finale.
A la fin des Jeux olympiques, plus de la moitié de la délégation hongroise refuse de rentrer au pays. En 1958, Nagy est exécuté par pendaison dans la prison de Budapest.
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