Sarajevo 1984 : Le fait
Le fait
Sarajevo qui rit, Sarajevo qui pleure
Quatre ans après le boycottage des Jeux d'été de Moscou par une cinquantaine de pays à l'initiative des Etats-Unis, la famille olympique est de nouveau conviée dans un pays de l'est. Le pays hôte est la Yougoslavie, la ville hôtesse Sarajevo (photo). C'est la première fois qu'un pays non industrialisé accueille les Jeux d'hiver.
La venue de ces Jeux en Yougoslavie est la concrétisation d'une des dernières volontés du Maréchal Tito, décédé en mai 1980, deux ans après la décision favorable du CIO.
Sarajevo y voit l'occasion de développer le tourisme d'hiver, elle qui était surtout connue jusqu'ici pour avoir été le théâtre de l'assassinat de l'archiduc François Ferdinand, héritier du trône d'Autriche, le 28 juin 1914, qui précipita la première Guerre mondiale.
Le financement des Jeux n'allait pas de soi. La capitale de la Bosnie-Herzégovine relève cependant le défi en recourant au "business olympique" : droits de retransmission télévisée, publicité, parraineurs, etc. Les organisateurs bénéficient aussi de la contribution financière des autres républiques de la Fédération Yougoslave.
Le boycottage des Jeux d'été de Los Angeles par l'URSS et ses satellites n'est encore qu'une hypothèse, même si certains signes avant-coureurs laissent prévoir une réplique à celui de Moscou.
Patinoire en ruines
Les JO sont un succès sportif et populaire, sans la moindre fausse note, seulement perturbés par quelques caprices de la météo. Et s'il y a un ou deux légers problèmes d'organisation, la chaleur de l'accueil de la population est là pour les faire oublier. Ces Jeux restent comme l'un des derniers événements ayant permis à toutes les pièces du puzzle yougoslave de former tant bien que mal un ensemble cohérent.
Deux olympiades plus tard, après l'éclatement de la Yougoslavie, le monde du sport assiste avec désolation à la destruction de la ville (photo 1, le skieur italien Alberto Tomba), en proie à la guerre civile.
Des milliers de gens sont parqués dans le stade qui accueillit naguère les cérémonies d'ouverture et de clôture. La piste de bobsleigh est transformée en une position d'artillerie serbe, le site du slalom occupé par l'armée serbe.
Quant à la patinoire olympique de Zetra, qui vibra en 1984 aux exploits de Jayne Torvill et Christopher Dean, elle n'est plus qu'un champ de ruines, comme si le Boléro de Ravel qui accompagna leur magnifiques évolutions avait poursuivi son obsédant crescendo. Jusqu'à l'insoutenable. Jusqu'à la destruction.
En 1994, pour le 10e anniversaire des JO, le président du CIO Juan Antonio Samaranch (photo 2), se rendra à Sarajevo pour appeler à un cessez-le-feu le temps des Jeux de Lillehammer. En vain.
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