16 juin 1894, le jour des prémices
La foule est dense dans l’amphithéâtre de La Sorbonne en ce 16 juin 1894. Réuni à l’initiative de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA), et plus encore impulsé par son secrétaire général, le Baron Pierre de Coubertin, le congrès international athlétique qui s’y ouvre sous la présidence du baron de Courcel est très attendu.
On y parle français, mais aussi anglais, suédois, espagnol… Pas moins de 13 nationalités sont de fait représentées pour ce rendez-vous initié dès 1892, à l’occasion des festivités du cinquième anniversaire de l’USFSA. Formellement lancé en 1893, le congrès a fait l’objet de deux réunions préparatoires, l’une à New-York, à l’University Club en novembre 1893, l’autre à Londres, au Sports club, le 7 février 1894.
Le congrès est de fait porté par Coubertin, qui en est l’un des commissaires en charge de l’organisation, avec l’Anglais Charles Herbert et le professeur américain W.M. Sloane de Princeton.
La gestation a été difficile, entre l’indifférence de certains et l’éloignement des autres. Ainsi les Australiens, qui ne peuvent se rendre à Paris, ont-ils transmis une importante contribution, alors que les institutions gymniques allemandes ne sont pas venues.
Un journée inaugurale... et magistrale
L’idée olympique peut paraître trop originale. Elle passionne, comme en Suède où l’engouement est très fort pour le projet de Coubertin, elle peut laisser perplexe, à l’instar du Britannique Arthur Balfour, qui accepte de soutenir l’esprit du projet tout en émettant des réserves sur le folklore olympique qui l’accompagne. D'ailleurs, ce n'est véritablement qu'à la toute dernière minute, à la formalisation du programme définitif du congrès, que Coubertin introduit la notion de Jeux olympiques dans l'intitulé d'un rendez-vous d'abord réuni pour réformer l'amateurisme. L'ordre du jour se fait donc double
Le Congrès et donc sa séance inaugurale est présidée par un sénateur, le baron de Courcel, un habitué de la diplomatie internationale plus que du sport. Son discours introductif est d'ailleurs très tourné vers l'implication internationaliste de la manifestation olympique que le congrès se propose de rénover.
A sa suite, le poète Jean Aicard prend la parole sur « la Force et le Droit » avant douze choristes de l'Opéra n'exécutent le fameux Hymne à Apollon, découvert dans les ruines de Delphes et exécuté pour la première fois, à l'appui d'un arrangement réalisé par l'archéologue et musicologue Théodore Reinach et le pianiste Gabriel Fauré.
"Les deux mille personnes présentes écoutèrent dans un religieux silence la mélodie divine qui ressuscitait pour saluer à travers l'épaisseur des âges le renouveau olympique", Pierre de Coubertin...
A suivre...
Ne souriez pas trop à ce mot.
Ce n’est pas un mot de raison, mais de comparaison (...) II signifie l’établissement d’un lien entre les associations de sport de tous les pays, consacré par la tenue de contours périodiques, tels qu’étaient les Olympiades de la Grèce antique, mais où seraient célébrés les jeux de notre temps, les jeux le plus à la mode du jour, les jeux du dernier cri. (…)
Ce que nous voulons prendre à ce modèle des vieux concours d’Olympie, c’est le double principe de la fédération et de la périodicité. Nous retiendrons aussi qu’en vertu d’une loi qui fut toujours observée avec un religieux scrupule, l’époque des Jeux Olympiques était un temps de trêve sacrée pour tous les Grecs. (…)
Les animosités, les ambitions, les rancunes réciproques des nations, quoique avivées de nos jours par d’inhumaines théories d’antagonisme des races, ne recevront-elles pas, elles aussi, quelque atténuation du rapprochement qui s’opère entre hommes de nationalités différentes sur les hippodromes, les champs de tir, et dans toutes ces arènes pacifiques, où la jeunesse des différents pays s’exerce, se mêle, et combat à armes courtoises ? (...)
Rapprochons les nations diverses pour les luttes amicales du sport, et puisse l’observation loyale des règles qui président à nos jeux ouvrir leur âme à ce sentiment de mutuel respect, qui est le premier fondement du maintien de la paix entre les peuples ! »
Baron de Courcel, extraits du discours inaugural du Congrès international pour la rénovation des Jeux Olympiques, le 16 juin 1894.
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